L’appel des esprits

Une éducation sensitive.

J’ai longtemps été fasciné par la brume. Aujourd’hui encore. L’appel des esprits. Quelques souvenirs reviennent : des trajets à pied sur le chemin de l’école dans le brouillard matinal, les yeux encore embrouillés par le sommeil ; des moments partagés à la tombée de la nuit dans la campagne scandinave ; des regards intrigués lors d’expéditions dans la forêt, ce sentiment d’être constamment observé. Des instants de flottement. C’est lorsqu’on se retrouve dénudé de tous les artifices de notre mode de vie actuel que nous faisons face à notre introspection la plus brute.

Équipement :

  • Minolta XD7
  • Yashica Mat 124G

Le paysage se déploie à l’horizon,
J’arrive à peine, j’coupe le contact.
J’ai tracé ma voie alors ils ont
Couru derrière, jugé mes actes.

J’pose un pied sur le nouveau monde,
Les aiguilles tournent, je vagabonde.
Vue d’ici bas la lune éclate.
J’monte dans le cockpit, buée sur le casque.

Décollage



Je ferme la porte et mets la clef dans la poche avant de mon sac à dos. En passant le portail, il faut marcher le long d’un trottoir très étroit. On distingue le clocher de l’église au loin, couvert par une faible nappe de brouillard. J’aime cette sensation, les yeux encore habitués à l’obscurité analysent chaque tache de lumière qui leur parvient à travers les volets des habitations. De la buée s’échappe de mon nez tout le long du chemin. L’odeur familière du feu de bois envahit la rue entière.
 



Les souvenirs sont éparpillés dans le cerveau, comme une grande bibliothèque aux contours flous dans laquelle on pourrait puiser de temps en temps. Une étrange collection sensorielle, à laquelle chaque autre personne est étrangère. Un objet obscur généré par notre seule existence, intransmissible et amené à disparaître avec soi.